6-1-100. Marie Bonaparte à H. Poincaré

2/11/10

10, avenue d’Iéna

Vous m’avez rendue bien heureuse, Monsieur, en voulant bien venir parmi nous, et j’ai gardé de cette soirée un profond souvenir. Mieux vaut vous approcher quelques heures que lire tous les livres des Docteurs Toulouse !!11endnote: 1 Le psychologue Édouard Toulouse a consacré un livre à Émile Zola (voir Carroy 2000), et un autre à Poincaré (Toulouse 1910). C’est alors, à vous écouter, qu’éclate, lumineuse, la différence du “temps physiologique” et du “temps paramètre”!22endnote: 2 Le mathématicien Federigo Enriques a distingué entre le temps physiologique (ou psychologique) et le temps abstrait (ou physique); voir Enriques (1906). À son tour, Poincaré a opéré une distinction entre le temps psychologique (ou la “durée bergsonienne” et le temps des horloges; voir son article “L’espace et le temps” (Poincaré 1912).

Et je m’enhardis à vous demander si vous voudriez bien revenir dîner avec nous mardi prochain 29 novembre ? Vous me feriez une bien grande joie.

J’ai suivi vos conseils de lecture et Bergson et James sont sur ma table.33endnote: 3 Il s’agit du philosophe Henri Bergson (1859–1941), et du psychologue William James (1842–1910), frère aîné de l’écrivain Henry James (1843–1916). Bergson a rédigé l’introduction à la traduction française du Pragmatism de W. James (1907; tr. fr. 1911). Mais d’abord c’est vous que je continue de lire.

Et je vous prie, Monsieur, de me laisser vous dire mon dévoué souvenir.

Marie

ALS 3p. Collection particulière, 75017 Paris.

Time-stamp: " 9.11.2019 00:34"

Notes

  • 1 Le psychologue Édouard Toulouse a consacré un livre à Émile Zola (voir Carroy 2000), et un autre à Poincaré (Toulouse 1910).
  • 2 Le mathématicien Federigo Enriques a distingué entre le temps physiologique (ou psychologique) et le temps abstrait (ou physique); voir Enriques (1906). À son tour, Poincaré a opéré une distinction entre le temps psychologique (ou la “durée bergsonienne” et le temps des horloges; voir son article “L’espace et le temps” (Poincaré 1912).
  • 3 Il s’agit du philosophe Henri Bergson (1859–1941), et du psychologue William James (1842–1910), frère aîné de l’écrivain Henry James (1843–1916). Bergson a rédigé l’introduction à la traduction française du Pragmatism de W. James (1907; tr. fr. 1911).

Références

  • J. Carroy (2000) ‘Mon cerveau est, comme dans un crâne de verre’ : Émile Zola sujet d’Édouard Toulouse. Revue d’histoire du XIXe siècle 20/21, pp. 181–202. link1, link2 Cited by: endnote 1.
  • F. Enriques (1906) Problemi della Scienza. Zanichelli, Bologna. Cited by: endnote 2.
  • W. James (1907) Pragmatism: A New Name For Some Old Ways of Thinking. Longmans, Green and Co., London. link1 Cited by: endnote 3.
  • W. James (1911) Le Pragmatisme. Flammarion, Paris. Cited by: endnote 3.
  • H. Poincaré (1912) L’espace et le temps. Scientia (Rivista di Scienza) 12 (25), pp. 159–170. link1 Cited by: endnote 2.
  • É. Toulouse (1910) Enquête Médico-psychologique sur la supériorité intellectuelle, II : H. Poincaré. Flammarion, Paris. link1 Cited by: endnote 1.