2-13. Auguste Calinon

Auguste Calinon (1850–1900) est né en Lorraine, et fait ses études à l’École polytechnique. Tout en occupant le poste de chef de correspondance aux Forges de Pompey (Meurthe-et-Moselle), Calinon se distingue par ses travaux sur la mécanique, la géométrie et la philosophie, travaux qui lui permettront de devenir membre titulaire de la Société des sciences de Nancy le 1er mai 1885.

Auteur de différentes études sur la mécanique et la géométrie, inspirateur de Georges Lechalas, Calinon est de ces penseurs qui tentèrent de fonder un mathématique philosophique, c’est-à-dire une discipline dans laquelle les méthodes et les appareillages classiques d’une théorie mathématique sont mises au service d’une problématique expressément épistémologique portant “sur les conditions de possibilité d’une théorie générale des déterminations de l’espace.”11endnote: 1 Cité par Panza (1995, 54). Il conçoit ainsi une “géométrie générale” ayant pour objectif de penser la géométrie euclidienne comme un cas particulier d’une géométrie générale, comprenant toute géométrie possible et établie grâce à des considérations purement a priori. Une telle géométrie devait permettre, selon lui, d’invalider la thèse affirmant que la géométrie euclidienne est la seule véritable géométrie possible, sans pour autant mettre en cause l’idée que le privilège de la géométrie euclidienne est dû à des raisons empiriques.

La correspondance présentée ici traite d’un tout autre problème.22endnote: 2 Rollet (2001) analyse en détail ces deux lettres de Calinon. Désireux sans doute de voir ses travaux scientifiques reconnus par la communauté scientifique parisienne, Calinon s’adresse à Poincaré (avec qui il semble entretenir des rapports amicaux) pour lui présenter son “Étude critique sur la mécanique” (Calinon 1885). Dans cette étude, Calinon porte son attention sur les principes de la mécanique rationnelle et il dresse la conclusion suivante à ce sujet:

En résumé, ce qu’il faut retenir de cette conception, c’est qu’il existe une mécanique rigoureusement rationnelle, véritable géométrie du mouvement qui subsisterait dans toutes ses conséquences quand bien même l’univers cesserait d’exister ou existerait autrement.
L’univers n’est qu’une application particulière et très limitée de cette mécanique qui ne dépend en rien des faits observés et nous aide au contraire à les prévoir et à les expliquer. (Calinon 1885, 180)

Time-stamp: " 8.06.2019 14:22"

Notes

  • 1 Cité par Panza (1995, 54).
  • 2 Rollet (2001) analyse en détail ces deux lettres de Calinon.

Références

  • A. Calinon (1885) Étude critique sur la mécanique. Bulletin de la Société des Sciences de Nancy 7, pp. 87–180. link1 Cited by: 2-13. Auguste Calinon.
  • M. Panza and J. Pont (Eds.) (1995) Les savants et l’épistémologie vers la fin du XIXe{}^{\textrm{e}} siècle. Blanchard, Paris. Cited by: M. Panza (1995).
  • M. Panza (1995) L’intuition et l’évidence; la philosophie kantienne et les géométries non euclidiennes : relecture d’une discussion. See Les savants et l’épistémologie vers la fin du XIXe{}^{\textrm{e}} siècle, Panza and Pont, pp. 39–87. Cited by: endnote 1.
  • L. Rollet (2001) Henri Poincaré, des mathématiques à la philosophie : étude du parcours intellectuel, social et politique d’un mathématicien au début du siècle. Éditions du Septentrion, Lille. link1 Cited by: endnote 2.