3-47-31. H. Poincaré à Gaston Doumergue

Paris, le 11 août 190911endnote: 1 Le manuscrit porte une annotation au crayon : “Communiquée au M[inis]tre des Finances”. Il porte le tampon de la Direction générale des contributions directes, du 19 août 1909.

République Française

Bureau des Longitudes

Direction de l’Enseignement Supérieur – 2e Bureau

Le Président du Bureau des Longitudes à Monsieur le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et des Cultes.

Vœu pour la reprise des travaux de révision de la triangulation générale.

Monsieur le Ministre,

J’ai l’honneur de vous transmettre le vœu suivant adopté, à la suite d’un vote unanime, par le Bureau des Longitudes.

Considérant que le rattachement des levers cadastraux à la triangulation générale du pays représente, au point de vue technique, une nécessité primordiale, reconnue dès le XVIIIe siècle par l’Assemblée Constituante (Lois des 4-21 Août et 16-23 Septembre 1791) et par l’Administration même des Finances en 1803 (Instructions Ministérielles des 3 frimaire, an XI, et 10 ventôse, an XII).

Considérant que l’inobservation de cette sage mesure a été l’une des causes de l’insuffisance des plans de l’ancien cadastre ; que les opérations cadastrales effectuées depuis lors à l’étranger, notamment en Allemagne et en Autriche depuis 1817, et, plus récemment, en Tunisie, en Alsace-Lorraine, depuis 1884, en Italie, depuis 1886, etc …s’appuient toutes sur une triangulation préalable et générale du pays.

Vu l’art. 4 du décret du 9 juin 1898, ainsi conçu :

«   Les levers cadastraux sont appuyés sur une triangulation spéciale dérivant de la grande triangulation dite de l’État-Major, préalablement révisée à cet effet  ».

«   La marche des opérations cadastrales suit celle de la révision de la grande triangulation  ».

Considérant que la grande triangulation de l’État-Major, y compris le réseau du 3e ordre, est déjà révisée et complétée sur près de 3 millions d’hectares.

Qu’une somme de deux millions de francs, et un petit nombre d’années suffiraient, à la rigueur, pour achever la révision des réseaux du 1er et du 2e ordre et permettre ainsi, dans l’avenir, de rattacher, comme par le passé, à la triangulation générale, les levers cadastraux effectués sous le régime de la loi du 17 mars 1898.

Considérant que le rattachement préalable dont il s’agit constitue à la fois le procédé le plus sûr et le plus exact de raccord entre les plans parcellaires de communes limitrophes, et en même temps le seul moyen pratique et rationnel d’assemblage des plans généraux des diverses communes, en vue de l’établissement de la carte nationale au 50000e, depuis si longtemps réclamée, et aujourd’hui en cours d’exécution.

Considérant que s’il était ajourné jusqu’au moment de la confection même de feuilles correspondantes de la carte, ce rattachement présenterait d’inextricables difficultés du fait de l’inévitable discordance que l’on constaterait alors, pour les bases cadastrales entre leur valeur directement mesurée et celle déduite des bases géodésiques ; que l’on se trouverait ainsi forcé à répéter une bonne partie des opérations et qu’il en résulterait un notable et tout à fait inutile accroissement de dépenses.

Vu l’art. 1er du décret du 27 février 1907 portant abrogation de l’art. 4 du décret du 9 juin 1898.

Le Bureau des Longitudes émet instamment le vœu :

1° Que l’art. 1er susvisé du décret du 27 février 1907 soit rapporté et que les nouvelles opérations cadastrales à exécuter sous le régime de la loi du 17 mars 1898 restent comme elles l’avaient toujours été jusqu’alors, appuyées sur la triangulation du Service géographique de l’Armée.

2° Qu’à cet effet, les chaînes de 1er ordre et le réseau de 2e ordre de cette triangulation soient révisés dans le plus court délai possible.

3° Qu’une copie de ce vœu soit transmise à Monsieur le Ministre des Finances par l’intermédiaire de Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique.

Poincaré

ALS 3p. F17 13571, Archives nationales.

Time-stamp: " 2.09.2020 17:13"

Notes

  • 1 Le manuscrit porte une annotation au crayon : “Communiquée au M[inis]tre des Finances”. Il porte le tampon de la Direction générale des contributions directes, du 19 août 1909.