3-21. Hugo Gyldén

Johan August Hugo Gyldén naît à Helsinki le 29 mai 1841 dans une famille lettrée. Son père est professeur de littérature grecque à l’université de Helsinki. Gyldén reçoit dans son enfance une solide éducation classique mais poursuit finalement des études de mathématiques et d’astronomie. Il les termine auprès de Hansen, à Gotha, où il s’initie à la théorie des perturbations. En 1862, il est docent à l’université de Helsinki, avant de rejoindre l’observatoire de Poulkovo où il s’initie aux techniques de l’astronomie d’observation. Astronome-adjoint en 1863, astronome titulaire en 1865, Gyldén reste à Poulkovo jusqu’en 1871, date à laquelle il est appelé à devenir le directeur de l’observatoire de Stockholm. Il y restera jusqu’à sa mort le 10 novembre 1896 (Backlund 1897; Callandreau 1897).

Les travaux de Gyldén touchent de nombreux domaines de la mécanique céleste ; en particulier, il s’est intéressé à la question des perturbations des petites planètes pour laquelle il développe sa théorie des orbites absolues et intermédiaires, en révisant des méthodes d’approximation. Avec sa théorie, Gyldén a réalisé “le rêve de l’Académie des Sciences”, selon Charles Hermite, elle représentait même “le progrès le plus important qui eut été obtenu depuis Laplace dans la Mécanique Céleste.”11endnote: 1 Charles Hermite, rapport de soutenance de la thèse d’Henri Andoyer, 28.07.1886, transcrit dans Gispert (1991, 341). Certaines méthodes de Gyldén devaient être mises en défaut par l’analyse de Poincaré, au moment du concours du roi de Suède (Barrow-Green, 1997, 139). À cette occasion, Hermite s’est exprimé sur le résultat de Poincaré:

Quel étonnant génie de Poincaré d’avoir, comme vous le dites, débrouillé les travaux de Mr. Gyldén, et malheureusement d’avoir ruiné et démoli son édifice analytique. (Hermite à Mittag-Leffler, 13.03.1889; Dugac 1985, 169)

Pour autant, Poincaré rend hommage dans le premier tome des Méthodes nouvelles de la mécanique céleste aux travaux de Gyldén :

Mais le savant qui a rendu à cette branche de l’Astronomie les services les plus éminents est sans contredit M. Gyldén. Son œuvre touche à toutes les parties de la Mécanique céleste, et il utilise avec habileté toutes les ressources de l’Analyse moderne. M. Gyldén est parvenu à faire disparaître entièrement de ses développements tous les termes séculaires qui avait tant gêné ses devanciers. (Poincaré 1892, 3)

Dans le deuxième tome, Poincaré propose un “mode d’exposition” de la théorie des orbites intermédiaires différent de celui de Gyldén (Poincaré 1893). La lettre de 1892 est une réponse de Gyldén à l’envoi du premier tome des Méthodes nouvelles.

Gyldén était lié avec Gösta Mittag-Leffler et avait contribué entre autres au lancement des Acta Mathematica. La seconde lettre (§ 3-21-2) concerne l’adresse envoyée par les mathématiciens européens à l’occasion du cinquantième anniversaire de Mittag-Leffler pour soutenir les Acta; à ce propos, voir Mittag-Leffler à Poincaré, 28.12.1896 (§ 1-1-133).

A la mort de Gyldén en 1896, d’autres ont étendu et appliqué les méthodes qu’il avait publiées à partir de 1891, ses “Nouvelles recherches sur les séries employées dans les theóries des planètes” (Gyldén, 1891, 1893). Oscar Backlund en fait partie, et ses efforts ont attiré l’attention de Poincaré, qui a cherché à dissuader les astronomes d’employer ces méthodes (Poincaré, 1901, 1904b, 1904a, 1904c, 1905).

Time-stamp: " 9.08.2023 13:55"

Notes

  • 1 Charles Hermite, rapport de soutenance de la thèse d’Henri Andoyer, 28.07.1886, transcrit dans Gispert (1991, 341).

Références

  • O. Backlund (1897) Hugo Gyldén. Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 5, pp. 222–224. link1, link2 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • J. E. Barrow-Green (1997) Poincaré and the Three Body Problem. AMS/LMS, Providence. Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • O. Callandreau (1897) Hugo Gyldén. Bulletin astronomique 14, pp. 289–293. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • P. Dugac (1985) Lettres de Charles Hermite à Gösta Mittag-Leffler (1884–1891). Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 6, pp. 79–217. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Gispert (1991) La France mathématique : la Société mathématique de France (1870–1914). SFHST, Paris. link1 Cited by: endnote 1.
  • H. Gyldén (1891) Nouvelles recherches sur les séries employées dans les théories des planètes. Acta mathematica 15, pp. 65–189. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Gyldén (1893) Nouvelles recherches sur les séries employées dans les théories des planètes (suite et fin). Acta mathematica 17, pp. 1–168. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1892) Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste, Volume 1. Gauthier-Villars, Paris. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1893) Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste, Volume 2. Gauthier-Villars, Paris. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1901) Sur la théorie de la précession. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 132 (2), pp. 50–55. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1904a) Sur la méthode horistique de Gyldén. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 138 (16), pp. 933–936. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1904b) Sur la méthode horistique; observations sur l’article de M. Backlund. Bulletin astronomique 21, pp. 292–295. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1904c) Über die horistische Methode Gyldéns. Physikalische Zeitschrift 5 (13), pp. 385–386. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.
  • H. Poincaré (1905) Sur la méthode horistique de Gyldén. Acta mathematica 29 (1), pp. 235–271. link1 Cited by: 3-21. Hugo Gyldén.