7-2-75. Felix Klein à H. Poincaré, traduction française

Göttingen, le 14 janvier 1902

Cher ami et collègue,

Aujourd’hui j’arrive avec une sollicitation de ma part et au nom d’un grand nombre de collègues. Comme vous le savez sans doute, cette année la Société (internationale) d’astronomie tient son assemblée générale à Göttingen, probablement du 5 au 8 août. Vous serait-il possible de participer à cette réunion? À Göttingen nous voulons vraiment essayer d’attirer, d’autant d’endroits que possible, les astronomes surtout théoriciens. Nous espérons que cela donnera un sens particulier non seulement à la réunion, mais également à l’activité de l’astronomie, devenue un peu bornée chez nous, et son rapport aux mathématiques (j’espère aussi, en particulier, que la partie astronomique de notre Encyclopédie mathématique, qui en est encore au stade de la préparation initiale, bénéficie de ce fait d’un avancement primordial).11endnote: 1 Klein déplore ici l’absence relative d’astronomes théoriciens en Allemagne, dont le chef de file était sans doute le directeur de l’Observatoire de Munich, Hugo von Seeliger. C’est l’étudiant de ce dernier, Karl Schwarzschild, qui a été chargé par Klein de la direction du tome 6 de l’Encyclopédie; voir Schwarzschild et al. (1905). Klein a soutenu le recrutement de Schwarzschild à l’Université de Göttingen, où il est devenu directeur de l’Observatoire en décembre 1901 (Jahresbericht der deutschen Mathematiker-Vereinigung 11, 1902, 83). Vous trouverez à présent à Göttingen le terrain bien préparé puisque, à côté de Brendel, que vous connaissez, se tient Schwarzschild en tant que directeur nouvellement nommé de l’Observatoire; nous engageons aussi de jeunes forces. D’autre part, nous avons l’espoir de présenter d’une façon ordonnée la Nachlass astronomique de Gauss. Ces considérations générales peuvent suffire ici; je n’ai pas besoin d’insister sur la grande valeur que nous attacherions à votre présence dans ces circonstances. Je voudrais vous demander, si possible, d’user de votre influence pour faire en sorte que l’un ou l’autre des nombreux jeunes astronomes théoriciens français vienne! J’écrirai directement à Callandreau.

Quant à moi, il n’y a pas grand chose à dire, à part ma famille et moi nous allons bien. J’ai été très impliqué dans les questions d’organisation au cours des dernières années et j’espère que lorsque vous viendrez ici, vous remarquerez des progrès dans nos instituts ainsi que dans leur équipement. De plus, Hilbert a continué ses travaux théoriques d’une manière remarquable. Vous aurez récemment reçu les publications commémoratives du 150e anniversaire de notre académie, dans lesquelles Hilbert établit le principe de Dirichlet sur de nouvelles bases, tandis que je publie le journal scientifique original de Gauss.22endnote: 2 Voir Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (1901b); l’article de Hilbert a été réédité dans Hilbert (1904), alors que celui de Klein a paru dans Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (1901a), et a été réédité dans Klein (1903).

En vous priant d’exprimer mon amitié à ceux qui vous sont chers, votre bien dévoué,

F. Klein

PTrL. Traduit de l’allemand (§ 4-47-39) par S.A. Walter. Voir aussi la traduction de F. Poincaré dans Dugac (1989, 139–140).

Time-stamp: "28.10.2023 22:39"

Notes

  • 1 Klein déplore ici l’absence relative d’astronomes théoriciens en Allemagne, dont le chef de file était sans doute le directeur de l’Observatoire de Munich, Hugo von Seeliger. C’est l’étudiant de ce dernier, Karl Schwarzschild, qui a été chargé par Klein de la direction du tome 6 de l’Encyclopédie; voir Schwarzschild et al. (1905). Klein a soutenu le recrutement de Schwarzschild à l’Université de Göttingen, où il est devenu directeur de l’Observatoire en décembre 1901 (Jahresbericht der deutschen Mathematiker-Vereinigung 11, 1902, 83).
  • 2 Voir Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (1901b); l’article de Hilbert a été réédité dans Hilbert (1904), alors que celui de Klein a paru dans Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (1901a), et a été réédité dans Klein (1903).

Références

  • P. Dugac (1989) Henri Poincaré, la correspondance avec des mathématiciens (de J à Z). Cahiers du séminaire d’histoire des mathématiques 10, pp. 83–229. link1 Cited by: 7-2-75. Felix Klein à H. Poincaré, traduction française.
  • D. Hilbert (1904) Über das Dirichlet’sche Prinzip. Mathematische Annalen 59, pp. 161–186. link1 Cited by: endnote 2.
  • F. Klein (1903) Gauß’ wissenschaftliches Tagebuch 1796–1814. Mathematische Annalen 57, pp. 1–34. link1 Cited by: endnote 2.
  • Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (Ed.) (1901a) Festschrift zur Feier des hundertfünfzigjährigen Bestehens der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Beiträge zur Gelehrtengeschichte Göttingens. Weidmann, Berlin. link1 Cited by: endnote 2.
  • Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen (Ed.) (1901b) Festschrift zur Feier des hundertfünfzigjährigen Bestehens der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen. Weidmann, Berlin. link1 Cited by: endnote 2.
  • K. Schwarzschild, S. Oppenheim, and W. von Dyck (Eds.) (1905) Encyklopädie der mathematischen Wissenschaften mit Einschluss ihrer Anwendungen, Bd. 6, Geodäsie, Geophysik, und Astronomie, Teil 2, Hälfte 1. Teubner, Leipzig. link1 Cited by: endnote 1.