1-1-186. H. Poincaré à Gösta Mittag-Leffler

19 Janvier 190211endnote: 1 Paris-20 janvier — Djursholm-23 janvier.

Mon cher collègue,

J’ai l’honneur de vous envoyer sous pli recommandé mon travail sur les fonctions Abéliennes.22endnote: 2 Poincaré 1902. Voir § 1-1-176, note 8.

Je n’ai pas encore pu faire refaire la photographie parce que nous n’avons eu que des jours sombres.

Votre bien dévoué collègue,

Poincaré

TSVP

P.S.

Je viens de recevoir votre lettre et je vous ai télégraphié. Cornu signera mon rapport mercredi. J’espère obtenir encore d’autres signatures. Je vous l’enverrai aussitôt.

Peut-être enverrai-je ma proposition signée seulement de Cornu et Lippmann. J’enverrai ensuite quelques jours après une adhésion portant d’autres signatures.33endnote: 3 Poincaré choisira cette solution. Le rapport (de sa main) proposant Lorentz pour le prix Nobel de physique n’est signé à l’origine que par Poincaré, Cornu, Lippmann et Mittag-Leffler. Les adhésions à cette proposition de Sarrau, Cailletet, Boussinesq, Violle et Becquerel parviendront dans une lettre collective, rédigée par Poincaré (§2-62-7). Comme Poincaré l’explique dans sa lettre de nomination, un des problèmes majeurs de la physique était que la théorie de Maxwell ne permettait pas d’expliquer “pourquoi aucune expérience d’optique faite sur la terre ne pouvait mettre en évidence le mouvement de cette planète”. D’autre part, la théorie de Maxwell était aussi en échec pour expliquer les phénomènes de “polarisation rotatoire magnétique, découverte par Faraday”. Après avoir résumé la théorie de Lorentz sur les électrons, Poincaré pose la question de son intérêt ; l’important pour lui n’est pas de s’interroger sur la vérité d’une théorie mais sur sa capacité d’explication : “Ce que vaut cette hypothèse en elle-même, nous n’en savons rien et nous n’en saurons jamais rien. Mais ce que nous devons nous demander, c’est si cette hypothèse s’est montrée féconde et utile, soit en permettant de coordonner les faits anciens, soit en en faisant prévoir de nouveaux.” (Poincaré au Comité Nobel, janvier 1902 (§2-62-7)

ALS 2p. IML 110, Mittag-Leffler Archives, Djursholm.

Time-stamp: " 8.06.2022 17:02"

Notes

  • 1 Paris-20 janvier — Djursholm-23 janvier.
  • 2 Poincaré 1902. Voir § 1-1-176, note 8.
  • 3 Poincaré choisira cette solution. Le rapport (de sa main) proposant Lorentz pour le prix Nobel de physique n’est signé à l’origine que par Poincaré, Cornu, Lippmann et Mittag-Leffler. Les adhésions à cette proposition de Sarrau, Cailletet, Boussinesq, Violle et Becquerel parviendront dans une lettre collective, rédigée par Poincaré (§2-62-7). Comme Poincaré l’explique dans sa lettre de nomination, un des problèmes majeurs de la physique était que la théorie de Maxwell ne permettait pas d’expliquer “pourquoi aucune expérience d’optique faite sur la terre ne pouvait mettre en évidence le mouvement de cette planète”. D’autre part, la théorie de Maxwell était aussi en échec pour expliquer les phénomènes de “polarisation rotatoire magnétique, découverte par Faraday”. Après avoir résumé la théorie de Lorentz sur les électrons, Poincaré pose la question de son intérêt ; l’important pour lui n’est pas de s’interroger sur la vérité d’une théorie mais sur sa capacité d’explication : “Ce que vaut cette hypothèse en elle-même, nous n’en savons rien et nous n’en saurons jamais rien. Mais ce que nous devons nous demander, c’est si cette hypothèse s’est montrée féconde et utile, soit en permettant de coordonner les faits anciens, soit en en faisant prévoir de nouveaux.” (Poincaré au Comité Nobel, janvier 1902 (§2-62-7)

Références

  • H. Poincaré (1902) Sur les fonctions abéliennes. Acta mathematica 26, pp. 43–98. link1 Cited by: endnote 2.