3-9. Octave Callandreau

Né à Angoulème le 18 septembre 1852, Octave Callandreau entra à polytechnique en 1872, un an avant Poincaré. Il fut diplomé de l’École polytechnique en 1874 et entra l’Observatoire de Paris comme aide-astronome puis à partir de 1881, comme astronome adjoint. À l’Observatoire, il se livra à la fois à des travaux d’observation et d’astronomie pratique tout en approfondissant sa formation mathématique. Maurice Loewy porta son regard sur cette période de sa vie:

Regardé par ses camarades et ses maîtres de l’École polytechnique comme le plus fort analyste et le mathématicien le plus en vue de sa promotion, il sentit s’éveiller en lui de bonne heure la vocation astronomique. Il entra à l’Observatoire sous les auspices de Le Verrier, dont il reçut les conseils et qui pressentait en lui un maître futur de la science. Bientôt, en effet, tout en se familiarisant avec l’étude pratique du Ciel, Callandreau apportait aux annales de l’Observatoire des contributions théoriques importantes. (Loewy 1904, 131)

Callandreau soutint sa thèse en 1880 avec une étude des perturbations d’une petite planète par les méthodes de M. Gyldén (Callandreau 1882b). En 1882, il dirigea la mission française à Haïti d’observation du transit de Vénus. Il participa en 1884 au lancement du Bulletin astronomique. Jusqu’à sa mort, en 1904, il fut membre du comité de rédaction de cette revue et en rédigeait la chronique bibliographique. L’ensemble des “Revues des publications astronomiques” constitue une chronique détaillée des activités éditoriales des astronomes dans tous les domaines : mécanique céleste, astronomie pratique, astrophysique, photographie, géodésie, problème de l’unification des systèmes horaires.

Callandreau poursuivait ses propres recherches théoriques en participant à la discussion autour de la résolution de l’équation de Gyldén (Callandreau 1883)

d2xdt2+(a0+a1cost+a2cos2t+)x=0,\frac{d^{2}x}{dt^{2}}+(a_{0}+a_{1}\cos t+a_{2}\cos 2t+...)x=0,

en contribuant à la question du Calcul des variations séculaires des éléments des orbites (Callandreau 1882a), et plus généralement au calcul des perturbations et au problème des trois corps (Callandreau 1886, 1890a, 1890b, 1891, 1892b, 1892a, 1893b, 1893a, 1895). À partir de 1888, il s’intéressa à la théorie de la figure des planètes (Callandreau 1888, 1889a, 1889b, 1897, 1899, 1901a, 1901b). Callandreau n’a pas proposé d’innovations théoriques fondamentales, préférant développer la mécanique céleste théorique et les applications pour les calculs. Ainsi, il publiait la même année des notes au Bulletin astronomique sur les solutions périodiques du problème des trois corps (Callandreau 1891, 1892b, 1893b) et un mémoire dans les Annales de l’Observatoire de Paris sur les comètes périodiques (Callandreau 1892a). De plus, ses contributions visaient souvent à convaincre les astronomes calculateurs de l’intérêt des travaux de Poincaré pour leur pratique :

Il est naturel de chercher à faire profiter la Mécanique céleste des progrès réalisés récemment, grâce surtout au grand travail de M. Poincaré sur le problème des trois corps. À l’époque (1877) où M. G.-W. Hill et M. Adams ont publié leurs belles recherches sur la théorie de la Lune, lesquelles offrent précisément des applications des théories mentionnées, ces théories n’étaient pas encore fixées et les éminents auteurs durent se laisser guider par l’induction. Les remarques suivantes aideront, j’espère, à bien saisir l’esprit des recherches de MM. Hill et Adams et permettront, peut-être, au besoin, d’en élargir le cadre. (Callandreau 1891, 49)

Callandreau contribua ainsi au renouvellement des pratiques des mécaniciens-célestes, également par l’élaboration d’outils pédagogiques. Par exemple, avec Radau, il participa à la rédaction du Traité de mécanique céleste de Tisserand. Il fut élu membre de la section d’astronomie de l’académie des sciences le 20 février 1893. La même année, il succéda à Faye comme professeur d’astronomie et de géodésie à l’École polytechnique.

Callandreau épousa en 1882 Sophie de Luynes, la fille d’un professeur du Conservatoire des arts et métiers. Le couple a eu sept enfants. Callandreau meurt le 13 février 1904.11endnote: 1 Parmi les notices necrologiques, on peut consulter celles de Loewy (1904) et de Janssen (1904); celle-ci fut rééditée par Dehérain (1930, 602–604).

La correspondance entre Callandreau et Poincaré date du début des recherches de Poincaré en mécanique céleste. Callandreau comprend tout de suite l’intérêt des questions que pose Poincaré aux mécaniciens-célestes et l’encourage à poursuivre dans cette direction.

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Notes

  • 1 Parmi les notices necrologiques, on peut consulter celles de Loewy (1904) et de Janssen (1904); celle-ci fut rééditée par Dehérain (1930, 602–604).

Références

  • O. Callandreau (1882a) Calcul des variations séculaires des éléments des orbites. Annales de l’Observatoire de Paris 18, pp. A1–A46. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1882b) Détermination des perturbations d’une petite planète par les méthodes de M. Gyldén. Annales de l’Observatoire de Paris 16, pp. A1–A54. link1 Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1883) Sur une équation différentielle de la théorie des perturbations et remarques relatives aux Nos 2389 et 2435 des A. N.. Astronomische Nachrichten 107 (2547), pp. 33–38. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1886) Sur le développement des coordonnées elliptiques. Bulletin astronomique 3, pp. 528–532. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1888) Remarques sur la théorie de la figure de la terre. Bulletin astronomique 5, pp. 473–480. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1889a) Mémoire sur la théorie des planètes. Annales de l’Observatoire de Paris 19, pp. E1–E84. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1889b) Remarques sur la figure de la terre. Bulletin astronomique 6, pp. 185–192. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1890a) Sur les calculs de Maxwell relatifs au mouvement d’un anneau rigide autour de Saturne. Bulletin astronomique 7, pp. 69–75. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1890b) Valeur asymptotique des coefficients du développement utilisé dans les quadratures mécaniques. Bulletin astronomique 7, pp. 301–304. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1891) Sur quelques applications des théories concernant les solutions particulières périodiques du problème des trois corps et l’intégration des équations différentielles à coefficients périodiques. Bulletin astronomique 8, pp. 49–67. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1892a) Étude sur la théorie des comètes périodiques. Annales de l’Observatoire de Paris 20, pp. B1–B64. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1892b) Sur un cas particulier du problème des trois corps. Bulletin astronomique 9, pp. 113–118. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1893a) Sur des intégrales définies qui jouent un rôle dans le calcul des perturbations; application aux petites planètes; calcul des éléments moyens de leurs orbites (suite). Bulletin astronomique 10, pp. 313–321. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1893b) Sur des intégrales définies qui jouent un rôle dans le calcul des perturbations; application aux petites planètes; calcul des éléments moyens de leurs orbites. Bulletin astronomique 10, pp. 265–274. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1895) Sur quelques points de la théorie de la lune de Delaunay. Bulletin astronomique 12, pp. 369–372. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1897) Sur la théorie de la figure des planètes; applications à Jupiter et à la Terre. Bulletin astronomique 14, pp. 214–217. link1 Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1899) Sur la théorie de la figure des planètes; énergie potentielle de la gravitation d’une planète. Bulletin astronomique 16, pp. 226–228. Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1901a) Sur la détermination du géoïde au moyen de l’ensemble des déviations de la verticale. Bulletin astronomique 18, pp. 211–214. link1 Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • O. Callandreau (1901b) Sur la signification de l’hypothèse de la fluidité dans la théorie de la figure des planètes. Bulletin astronomique 18, pp. 214–216. link1 Cited by: 3-9. Octave Callandreau.
  • H. Dehérain (Ed.) (1930) Œuvres scientifiques de Jules Janssen, Volume 2. Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, Paris. link1 Cited by: endnote 1.
  • J. Janssen (1904) Discours de M. Janssen aux obsèques de M. Callandreau. Bulletin astronomique 21 (4), pp. 129–130. link1 Cited by: endnote 1.
  • M. Loewy (1904) Discours de M. Loewy aux obsèques de M. Callandreau. Bulletin astronomique 21 (4), pp. 131–135. link1 Cited by: 3-9. Octave Callandreau, endnote 1.