3-35-3. H. Poincaré à Edgar Odell Lovett

[28.05.1912]11endnote: 1 L’enveloppe porte une annotation de main inconnue, où la date de réception est précisée (11.06.1912), ainsi que la date de la réponse (27.06.1912). Elle est adressée à “Monsieur Odell Lovett, President, The W. Rice Insitute for the Advancement of Science, Houston Texas, États Unis d’Amérique”. La réponse de Lovett n’a pas été retrouvée.

Cher Monsieur,

Je ne prévois malheureusement pas que ma santé s’améliore assez d’ici au mois d’octobre pour me permettre d’entreprendre le voyage; j’en suis fort contrarié, car j’avais conservé un excellent souvenir de mon premier séjour en Amérique; et puis c’est un signe de décrépitude, ce qui est toujours désagréable.22endnote: 2 Poincaré a été membre de la délégation française au congrès scientifique de l’exposition mondiale de Saint-Louis en septembre, 1904. Selon Émile Borel (1915, 163), Poincaré lui a parlé de son regret de ne plus jamais visiter les États-Unis, et lui a offert des conseils à propos des trois conférences qu’il devait prononcer à Houston : “When Henri Poincaré was invited by President Edgar Odell Lovett to deliver an address at this scientific celebration, his acceptance was conditional on the state of his health. A few months later, he finally declined the invitation, promising, however, to send his lecture in writing. I cannot remember without emotion the last conversation I had with him on that subject. I was still hoping that his decision was not final; but, after giving me some friendly advice about my lectures and the journey, he told me with what deep regret he had to give up the thought of ever visiting the United States again, and I felt, for the first time, how serious was the condition which justified his refusal. A few weeks afterward he was gone.” Je vous enverrai un manuscrit; je pense qu’il suffit qu’il vous parvienne pour le 1er Octobre.33endnote: 3 Poincaré est mort le 17.07.1912, apparemment avant d’avoir rédigé l’article promis à Lovett. Celui-ci, informé des obsèques de Poincaré, a écrit à sa veuve Louise Poincaré afin de savoir si l’article se trouvait parmi les papiers du défunt. Elle lui a répondu dans ces termes (ALS 3p, Lovett Papers, box 13, folder 12): “Je n’ai trouvé aucun manuscrit malgré les recherches que j’ai faites avant de quitter Paris et je suis à peu près sûre que c’est pendant les vacances que mon Mari comptait rédiger la conférence dont il vous avait fait la promesse.
Il s’était résigné à l’opération qui lui a été si fatale dans l’espoir de retrouver toute son activité, toute sa liberté et de pouvoir faire encore quelques uns de ces voyages qu’il aimait tant et lui permettaient de connaître personnellement les savants dont il était le correspondant et l’ami éloigné.
Si la conférence que M. le Professeur Volterra doit consacrer à mon Mari n’est pas exclusivement mathématique je vous serais très reconnaissante de me la communiquer […].”
La conférence de Volterra sur les travaux de Poincaré a été traduite en anglais pour publication dans un ouvrage issu de l’inauguration de l’Institut Rice (Volterra, 1917), et dans un Rice Institute Pamphlet (Volterra, 1915)).

Votre bien dévoué,

Poincaré

ALS 1p. Rice Institute President Edgar Odell Lovett papers, box 13, folder 12, Rice University Fondren Library.

Time-stamp: " 2.04.2023 18:33"

Notes

  • 1 L’enveloppe porte une annotation de main inconnue, où la date de réception est précisée (11.06.1912), ainsi que la date de la réponse (27.06.1912). Elle est adressée à “Monsieur Odell Lovett, President, The W. Rice Insitute for the Advancement of Science, Houston Texas, États Unis d’Amérique”. La réponse de Lovett n’a pas été retrouvée.
  • 2 Poincaré a été membre de la délégation française au congrès scientifique de l’exposition mondiale de Saint-Louis en septembre, 1904. Selon Émile Borel (1915, 163), Poincaré lui a parlé de son regret de ne plus jamais visiter les États-Unis, et lui a offert des conseils à propos des trois conférences qu’il devait prononcer à Houston : “When Henri Poincaré was invited by President Edgar Odell Lovett to deliver an address at this scientific celebration, his acceptance was conditional on the state of his health. A few months later, he finally declined the invitation, promising, however, to send his lecture in writing. I cannot remember without emotion the last conversation I had with him on that subject. I was still hoping that his decision was not final; but, after giving me some friendly advice about my lectures and the journey, he told me with what deep regret he had to give up the thought of ever visiting the United States again, and I felt, for the first time, how serious was the condition which justified his refusal. A few weeks afterward he was gone.”
  • 3 Poincaré est mort le 17.07.1912, apparemment avant d’avoir rédigé l’article promis à Lovett. Celui-ci, informé des obsèques de Poincaré, a écrit à sa veuve Louise Poincaré afin de savoir si l’article se trouvait parmi les papiers du défunt. Elle lui a répondu dans ces termes (ALS 3p, Lovett Papers, box 13, folder 12): “Je n’ai trouvé aucun manuscrit malgré les recherches que j’ai faites avant de quitter Paris et je suis à peu près sûre que c’est pendant les vacances que mon Mari comptait rédiger la conférence dont il vous avait fait la promesse. Il s’était résigné à l’opération qui lui a été si fatale dans l’espoir de retrouver toute son activité, toute sa liberté et de pouvoir faire encore quelques uns de ces voyages qu’il aimait tant et lui permettaient de connaître personnellement les savants dont il était le correspondant et l’ami éloigné. Si la conférence que M. le Professeur Volterra doit consacrer à mon Mari n’est pas exclusivement mathématique je vous serais très reconnaissante de me la communiquer […].” La conférence de Volterra sur les travaux de Poincaré a été traduite en anglais pour publication dans un ouvrage issu de l’inauguration de l’Institut Rice (Volterra, 1917), et dans un Rice Institute Pamphlet (Volterra, 1915)).

Références