2-16-1. Alfred Cornu à H. Poincaré

Paris, le 18 février 1891

École Polytechnique

Mon cher Confrère,

En revoyant les expériences de Wiener, et la note de Mr. Potier, j’ai vu qu’il n’est nul besoin d’invoquer le cas général des théories de la réflexion sur un milieu transparent, l’expérience décisive ayant été faite sur l’argent poli.11endnote: 1 Wiener (1890), Potier (1891).

Dans ce cas il paraît difficile de contester avec le principe de continuité commun aux deux théories que la vibration change de signe par réflexion sous l’incidence normale.22endnote: 2 Selon Poincaré (1891b) l’emploi du principe de continuité rend illégitime l’attribution à l’argent poli d’un pouvoir réflecteur égal à 1, parce que dans ce cas “la limite d’une fonction discontinue peut très bien être une fonction discontinue”.

Il a donc suffi de restreindre la généralité des considérations que j’avais présentées pour rester correct : c’est ce qui m’a décidé à corriger ma note & à l’envoyer définitivement aux Comptes Rendus.33endnote: 3 Cornu (1891b, 1891a), notes présentées le 26.01 et le 16.02.1891, et rééditées dans Petiau, dir (1954, 278). La deuxième note de Cornu répond à la note de Poincaré (1891a), présentée le 09.02.1891, dans laquelle il signale que “le doute reste permis” en ce qui concerne la confirmation par les expériences d’Otto Wiener de la théorie de Fresnel au dépens de celle de Franz Neumann. Dans sa note du 16 février, Cornu prétend employer le “langage des physiciens” afin de développer les “arguments implicitement continus dans l’Analyse de M. Poincaré”. Poincaré (1891b) reprendra la question dans une note présentée à l’Académie des sciences le 2 mars.

Je saisirai l’occasion de dire devant l’Académie que l’objection que vous m’avez faite était parfaitement fondée.

Votre dévoué Confrère,

A. Cornu

ALS 2p. Collection particulière, Paris 75017.

Time-stamp: " 3.05.2019 01:30"

Notes

  • 1 Wiener (1890), Potier (1891).
  • 2 Selon Poincaré (1891b) l’emploi du principe de continuité rend illégitime l’attribution à l’argent poli d’un pouvoir réflecteur égal à 1, parce que dans ce cas “la limite d’une fonction discontinue peut très bien être une fonction discontinue”.
  • 3 Cornu (1891b, 1891a), notes présentées le 26.01 et le 16.02.1891, et rééditées dans Petiau, dir (1954, 278). La deuxième note de Cornu répond à la note de Poincaré (1891a), présentée le 09.02.1891, dans laquelle il signale que “le doute reste permis” en ce qui concerne la confirmation par les expériences d’Otto Wiener de la théorie de Fresnel au dépens de celle de Franz Neumann. Dans sa note du 16 février, Cornu prétend employer le “langage des physiciens” afin de développer les “arguments implicitement continus dans l’Analyse de M. Poincaré”. Poincaré (1891b) reprendra la question dans une note présentée à l’Académie des sciences le 2 mars.

Références

  • A. Cornu (1891a) Sur les objections faites à l’interprétation des expériences de M. Wiener. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 112, pp. 365–370. link1 Cited by: endnote 3.
  • A. Cornu (1891b) Sur une expérience récente, déterminant la direction de la vibration dans la lumière polarisée. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 112, pp. 186–189. link1 Cited by: endnote 3.
  • G. Petiau (Ed.) (1954) Œuvres d’Henri Poincaré, Volume 10. Gauthier-Villars, Paris. link1 Cited by: endnote 3.
  • H. Poincaré (1891a) Sur l’expérience de M. Wiener. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 112, pp. 325–329. link1 Cited by: endnote 3.
  • H. Poincaré (1891b) Sur la réflexion métallique. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 112 (9), pp. 456–459. link1 Cited by: endnote 2, endnote 3.
  • A. Potier (1891) Remarques à l’occasion de la Note de M. Poincaré sur l’expérience de M. O. Wiener. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences de Paris 112, pp. 383–386. link1 Cited by: endnote 1.
  • O. Wiener (1890) Stehende Lichtwellen und die Schwingungsrichtung polarisierten Lichtes. Annalen der Physik und Chemie 40, pp. 203–243. link1 Cited by: endnote 1.