6-1-785. Aline Poincaré à H. Poincaré
Paris 16.11.07
Mon cher Henri,
En reparlant avec Émile de notre conversation d’hier, je juge que je me suis trouvée, en voulant atténuer une de ses paroles, l’accentuer au contraire, au point de dépasser sa pensée.
Il avait dit : “ Je n’ai rien fait et je ne ferai rien ”. Cela voulait dire : “ Je n’irai pas au devant. Je resterai dans mon coin. Mais si on venait m’y chercher, qu’on me dise que ma candidature au fauteuil Sully-Prudhomme a des chance sérieuses de succès, et qu’on m’assure qu’elle ne nuirait en rien à la tienne au fauteuil Berthelot, alors je ne dis pas …”.11endnote: 1 Marcellin Berthelot. Moi, bêtement, j’ai ajouté : “ Cela veut dire qu’Émile ne sera pas candidat si les deux élections ont lieu le même jour, mais cela ne veut pas dire qu’il ne se présentera pas si la tienne a déjà eu lieu. ” Tu vois que ce n’est pas tout à fait la même chose. Il est certain que si l’Académie jugeait qu’il n’y a pas d’inconvénient à ce que vous soyez simultanément candidats à des fauteuils différents, il n’y aurait pas lieu d’être plus royaliste qu’elle-même.
Si cela arrivait et que vous soyez élus tous les deux, ce serait un des 3 ou 4 plus beaux jours de ma vie. Mais cela n’arrivera sans doute pas. Si tu es élu ce sera déjà un très beau jour pour nous et nous oublierons ces pénibles coïncidences.
Je vous embrasse tous tendrement.
Aline
ALS 3p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: " 4.05.2019 01:37"