6-1-102. Marie Bonaparte à H. Poincaré
Lundi matin [22.04.1912]
10 Avenue d’Iéna.
Je vous remercie, Monsieur, d’être venu l’autre soir à notre petite soirée musicale.
Et j’ai admiré le stoïcisme avec lequel vous avez supporté certains compliments qui me rappelaient un peu les peintres “cubistes” se prétendant issus de la pensée de Bergson.
Mais il y avait le génie de Beethoven qui nous élevait au dessus de ces petites misères.
Beethoven et vous, vous êtes d’ailleurs partagé l’honneur d’être le prétexte à faire dire l’autre soir mille emphatiques bêtises. C’est le rachat de la gloire. Nous aurons encore une seconde édition de Capet – tout intime cette fois, ce sera mieux – rien que les enfants d’Émile Ollivier qui sont si artistes, ma cousine Doudeauville et nous. Si vous nous faisiez la joie de venir aussi?
Capet jouera les quatuors 8, 11 et le douzième, le vôtre. Ce sera le soir, le vendredi 26, à moins que vous ne préfériez le lundi 29, ou même les samedi ou dimanche 27 ou 28. Vous nous feriez plaisir en venant dîner avec nous.
En écrivant tout ceci, j’ai peur d’abuser de votre grande bonté à mon égard. Si je le fais pardonnez-moi.
Lorsque je vous ai vu, il m’en reste pour plusieurs jours plus de sérénité dans le cœur.
Pardon aussi de vous dire cela – qui doit vous être au fond égal! – et croyez aux sentiments profonds que je vous ai voués.
Marie
ALS 3p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: " 4.05.2019 02:25"