6-1-297. François Evellin à H. Poincaré
3 mars [1881]
Bien cher Monsieur,
Il a fallu des circonstances tout à fait inattendues, de graves préoccupations de famille pour retenir ma plume toute prête à répondre à votre charmant petit mot.
Croyez, cher Monsieur, que je suis plus sensible que je ne pourrais dire à votre amicale information. Me voilà revenu à la métaphysique, à mes premières amours. Je sais toute ma faiblesse, toutes mon insuffisance, mais décidément je ne puis me dérober à l’attrait de certaines études, et la pensée de pouvoir profiter de vos lumières comme de celles de q. q. amis aussi obligeants que vous, n’a pas peu contribué à m’encourager dans la via dolorosa et dolosa où je serais certainement arrêté si j’étais tout seul.
Je tente d’entre les bonnes raisons que ne doit pas manquer d’aligner Cantor – mais si ce n’est pas abuser de votre parfaite et si courtoise obligeance – j’aimerais mieux les entendre en français qu’en allemand. Je ne suis point comme le philosophe de la comédie qui a deux oreilles, l’une pour les langues étrangères l’autre pour la maternelle. Du moins l’oreille des langues étrangères est très paresseuse.
Veuillez agréer, cher Monsieur, tous mes remerciements, toute ma cordiale reconnaissance. Pendent opera interrupta Serez-vous assez bon pour me permettre de les continuer avec vous.
F Évellin
En repassant sur le travail du temps jadis, j’ai trouvé des notes de vous. Désirez-vous que je vous les poste. Je serais bien aise d’avoir votre adresse.
ALS 4p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: "29.10.2020 17:58"