4-31-1. Carl Friedrich Geiser à H. Poincaré
11 Nov. [1885]
Küsnach–Zürich
Monsieur Poincaré, maître de conférences à la Sorbonne, Paris
Monsieur et très honoré collègue,
La chaire de calcul différentiel et intégral en langue française à notre école polytechnique suisse sera vacante à Pâques 1886 et il faut dès maintenant dresser une liste des candidats à présenter au conseil de l’école.11endnote: 1 The chair was held since 1860 by Édouard-Armand Méquet (1821–1897), a graduate of the École polytechnique (Paris), who withdrew in 1886 for health reasons. It was eventually taken up by a former student of Méquet’s, Jérôme Franel (1859–1939); see Frei and Stammbach (1994, 44). On m’a invité de m’adresser à des notabilités scientifiques à Paris pour demander des renseignements sur des personnes qu’on pourrait prendre en considération pour cette liste. C’est par cette raison que je viens vous prier de me nommer quelques candidats que vous croyez capable à pourvoir aux besoins de la chaire mentionnée. En votre qualité de maître de conférences à la Sorbonne vous connaissez certainement les jeunes mathématiciens français qui ont fait avec succès leurs études à Paris et j’espère que vous aurez la bonté de m’indiquer en quelques mots en même temps que les noms des candidats leurs titres scientifiques et pédagogiques.
Quant aux conditions d’engagement elles seront traitées individuellement, c’est à dire le salaire sera fixé par le conseil de l’école suivant les qualités scientifiques et pédagogiques du professeur. Pourtant je suis autorisé à vous dire qu’on pense à 5–8000fs par an (ce qui à Zurich équivaut à 8–12000fr à Paris), et même on augmenterait encore pour un homme vraiment distingué.
Nous espérons que le gouvernement français accordera à un jeune savant, disposé à professer chez nous, un congé tout en le conservant sur les cadres de l’université, en lui facilitant de cette sorte pour plus tard une rentrée dans une position honorable en France. En outre notre conseil d’école a proposé au gouvernement fédéral d’augmenter le personnel enseignant en langue française: par conséquent, Zurich ne sera plus un exil, mais un petit centre où une colonie de professeurs et d’étudiants pourra représenter avec succès la science française.
J’ai écrit une lettre à peu près identique à Mr Appell de l’école normale, que j’ai eu le plaisir de voir l’année passée chez vous dans une soirée dont j’ai retenu un souvenir reconnaissant. Je suis sur, qu’en m’adressant à vous deux de recevoir les renseignements les plus explicites et les plus autorisées. Je vous en remercie d’avance.
Recevez, Monsieur et très honoré collègue, l’assurance de ma plus parfaite considération.
C. F. Geiser
ALS 3p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: " 9.06.2022 21:29"
Références
- Die Mathematiker an den Zürcher Hochschulen. Springer-Verlag, Berlin. Cited by: endnote 1.