3-31. Auguste Lebeuf

Auguste Lebeuf (1859–1929) fit ses études à Dijon, où il obtint la licence ès sciences mathématiques, et à Besançon, où il obtint la licence ès sciences physiques en 1883. En 1884, il fut nommé élève astronome à l’Observatoire de Paris, où il travailla sous la direction de Tisserand, Wolf, Gaillot et Périgaud. Lebeuf devint aide-astronome à l’Observatoire de Besançon en 1887. Affecté au service méridien, Lebeuf poursuivit ses études, et soutint sa thèse “Sur une nouvelle démonstration des polynômes Hansen-Tisserand” (Lebeuf 1897, 1902) à la Faculté des sciences de Paris devant un jury composé d’Appell, Poincaré, et Puiseux. Il fut nommé maître de conférences d’astronomie à l’Université de Montpellier en 1898, et cinq ans plus tard, il revint à Besançon en tant que directeur de l’Observatoire national astronomique, météorologique et chronométrique de Besançon, et professeur d’astronomie à l’Université.

Lebeuf fut membre de la Société mathématique de France, la Société française de physique, la Société astronomique de France, la Société météorologique de France, et le Circolo matematico di Palermo (Guccia, 1908, 50). Il a été élu Correspondant de l’Académie des sciences de Paris (section d’astronomie) le 25 mars, 1913 (Institut de France, 1968, 324). Sur la carrière de Lebeuf, voir Véron et al. (2016) et Saint-Martin (2008).

La correspondance entre Lebeuf et Poincaré commence en 1899. Jusqu’en 1902, elle concerne l’édition des Œuvres de Laplace, Volumes 13 et 14 (Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences, 1904, 1912). Ce travail d’édition qui fut reconnu par le prix Le Conte de l’Académie des sciences de Paris en 1909 (Gauja 1917, 305). À partir de 1907, les lettres de Lebeuf, alors directeur d’observatoire, servent à communiquer des éphémérides pour publication dans le Bulletin astronomique, le journal dirigé par Poincaré.

À l’occasion du décès de Poincaré, Lebeuf publia une notice dans laquelle il compare Poincaré à Laplace. Ce dernier devait bénéficier de circonstances “beaucoup plus propices” que Poincaré, en ce concerne le soutien technique et la compréhension de son travail par ses contemporains:

Si [Poincaré] a pu rencontrer des auditeurs assez fervents pour la rédaction d’un grand nombre de leçons magistrales, il n’a pas eu, comme Laplace, le concours fidèle et dévoué d’un “citoyen Bouvard” qui mit en nombre la presque totalité de formules de la Mécanique céleste, et il ne lui a pas été donné, comme à son illustre prédécesseur, de pouvoir clôturer son oeuvre par une grandiose Exposition du Système du Monde, accessible à tous et fixant les connaissances humaines à l’aurore du XXe siècle. (Lebeuf 1913, 668)

Lebeuf souligne ici l’apport scientifique des astronomes mathématiciens, comme Alexis Bouvard (1767–1843), et des calculateurs pour produire des résultats numériques à partir des formules mathématiques de la mécanique céleste.

En fait, à la différence de Laplace, Poincaré a rarement collaboré directement avec des mathématiciens versés dans les applications, à l’exception notable de ses recherches en 1901 sur la stabilité des masses fluides de rotation. Voir, à ce sujet, la correspondance entre Poincaré et George Howard Darwin.

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Références

  • P. Gauja (1917) Les fondations de l’Académie des sciences (1881–1915). Impr. de l’Obs. d’Abbadia, Hendaye. link1 Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • G. B. Guccia (Ed.) (1908) Annuario del circolo matematico di Palermo. Circolo matematico di Palermo, Palermo. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • Institut de France (Ed.) (1968) Index biographique des membres et correspondants de l’Académie des sciences. Gauthier-Villars, Paris. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • A. Lebeuf (1897) Sur une nouvelle démonstration des polynômes Hansen-Tisserand. Ph.D. Thesis, Faculté des sciences de Paris, Paris. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • A. Lebeuf (1902) Sur une nouvelle démonstration des polynômes Hansen-Tisserand. Annales de l’Observatoire de Paris 13, pp. C1–C85. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • A. Lebeuf (1913) L’œuvre de Henri Poincaré : l’astronome. Revue de métaphysique et de morale 21, pp. 659–674. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • A. Saint-Martin (2008) L’office et le télescope : Une sociologie de l’astronomie française, 1900–1940. Ph.D. Thesis, Université Paris 4, Paris. Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences (Ed.) (1904) Œuvres complètes de Laplace, Volume 13. Gauthier-Villars, Paris. link1 Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences (Ed.) (1912) Œuvres complètes de Laplace, Volume 14. Gauthier-Villars, Paris. link1 Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.
  • P. Véron, M. Véron, and S. Ilovaisky (2016) Dictionnaire des astronomes français (1850–1950). Unpublished typescript, St. Michel l’Observatoire. link1 Cited by: 3-31. Auguste Lebeuf.