1-1-230. H. Poincaré à Gösta Mittag-Leffler

[14/5/1906]11endnote: 1 Date du cachet de la poste de Djursholm.

Mon cher ami,

J’ai vu votre buste, il m’a paru d’une ressemblance frappante et très vivant ; l’auteur vous a seulement donné une physionomie un peu sombre.22endnote: 2 Le buste de Mittag-Leffler est visible à l’Institut Mittag-Leffler.

J’ai écrit à un critique d’art pour lui demander son avis et je vous envoie sa lettre.33endnote: 3 Poincaré joint à sa lettre celle de Sitton et un article découpé dans Le Petit Temps. Paris 8/5 06
Monsieur,
J’ai vu à l’entrée du petit jardin des sculptures, entre les deux antennes du grand escalier d’honneur situé au fond du grand hall, le portrait dont vous me parlez. Il est en bronze et il a pour pendant un autre bronze, portrait d’un peintre suédois fort connu …en Suède. Les deux morceaux, d’une virtuosité d’exécution très remarquable, n’ont qu’un défaut, à mon sens. La façon d’y répartir les lumières est celle du sculpteur russe Troubetzkoï, dont le procédé impressionniste a fait depuis quelques années force adeptes. J’ai indiqué très sommairement ces envois dans mon article sur la sculpture à la société nationale des Beaux arts paru dans le Petit Temps du 25 avril. Ci-joint la coupure.
Au cas où vous tiendriez à voir par vos yeux, vous reconnaîtrez sans peine ces morceaux à la façon dont ils sont coupés, par le milieu du buste. Ce sont de véritables demi-statues.
J’essayerai de me procurer les autres articles sérieux parus sur la sculpture et, si j’y trouve des jugements exprimés sur le compte de votre artiste, je vous les transmettrai aussitôt.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments de haute estime.
Thiébault Sitton
Il est joint, à cette lettre, un article paru dans Le Petit Temps du 25 avril 1906 : [..]. Les étrangers, dans leurs études de portrait suivent des tendances plus libres, infiniment plus libres que nos artistes à nous. Quand ils traduisent des physionomies contemporaines, ils s’efforcent — et ils y arrivent souvent — de leur donner un tour plus piquant un accent plus pittoresque et un aspect plus neuf. Tels sont les portraits de Stanislas Lerche, très remarquables, du Suédois Carl Milles, qui doit beaucoup à Troubetzkoï, et de l’Américain Borglum, dont il faut voir aussi un Héron et des études de chevaux où l’influence du goût et de l’art antique est sensible.

Vous m’aviez parlé de mon mémoire sur un théorème de la Théorie générale des Fonctions, paru dans le Bulletin de la Société Mathématique et relatif à l’uniformisation des fonctions et de votre désir que j’en fasse une rédaction moins succincte.44endnote: 4 Poincaré 1883; Valiron 1950, 57–69. Je suis en train de faire cette rédaction et je vous l’enverrai si cela vous convient.55endnote: 5 Poincaré 1908; Valiron 1950, 70–139. Mittag-Leffler avait dû, lors du séjour de Poincaré en Suède, lui signaler les travaux de mathématiciens scandinaves sur la question. Dans son introduction, Poincaré cite les travaux du mathématicien américain Osgood, puis un travail de Johansson et de Brodén. Cet article est aussi une réponse au 22e problème de Hilbert (Hilbert 1902, 105).

J’ai vu le roi Oscar lors de son passage à Paris ; il a daigné me rappeler la visite que je lui avais faite l’année dernière.

Veuillez, je vous prie, présenter mes respectueux hommages à Madame Mittag-Leffler et croire à ma sincère amitié.

Poincaré

ALS 2p. IML 138, Mittag-Leffler Archives, Djursholm.

Time-stamp: " 2.05.2019 23:11"

Notes

  • 1 Date du cachet de la poste de Djursholm.
  • 2 Le buste de Mittag-Leffler est visible à l’Institut Mittag-Leffler.
  • 3 Poincaré joint à sa lettre celle de Sitton et un article découpé dans Le Petit Temps. Paris 8/5 06 Monsieur, J’ai vu à l’entrée du petit jardin des sculptures, entre les deux antennes du grand escalier d’honneur situé au fond du grand hall, le portrait dont vous me parlez. Il est en bronze et il a pour pendant un autre bronze, portrait d’un peintre suédois fort connu …en Suède. Les deux morceaux, d’une virtuosité d’exécution très remarquable, n’ont qu’un défaut, à mon sens. La façon d’y répartir les lumières est celle du sculpteur russe Troubetzkoï, dont le procédé impressionniste a fait depuis quelques années force adeptes. J’ai indiqué très sommairement ces envois dans mon article sur la sculpture à la société nationale des Beaux arts paru dans le Petit Temps du 25 avril. Ci-joint la coupure. Au cas où vous tiendriez à voir par vos yeux, vous reconnaîtrez sans peine ces morceaux à la façon dont ils sont coupés, par le milieu du buste. Ce sont de véritables demi-statues. J’essayerai de me procurer les autres articles sérieux parus sur la sculpture et, si j’y trouve des jugements exprimés sur le compte de votre artiste, je vous les transmettrai aussitôt. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments de haute estime. Thiébault Sitton Il est joint, à cette lettre, un article paru dans Le Petit Temps du 25 avril 1906 : [..]. Les étrangers, dans leurs études de portrait suivent des tendances plus libres, infiniment plus libres que nos artistes à nous. Quand ils traduisent des physionomies contemporaines, ils s’efforcent — et ils y arrivent souvent — de leur donner un tour plus piquant un accent plus pittoresque et un aspect plus neuf. Tels sont les portraits de Stanislas Lerche, très remarquables, du Suédois Carl Milles, qui doit beaucoup à Troubetzkoï, et de l’Américain Borglum, dont il faut voir aussi un Héron et des études de chevaux où l’influence du goût et de l’art antique est sensible.
  • 4 Poincaré 1883; Valiron 1950, 57–69.
  • 5 Poincaré 1908; Valiron 1950, 70–139. Mittag-Leffler avait dû, lors du séjour de Poincaré en Suède, lui signaler les travaux de mathématiciens scandinaves sur la question. Dans son introduction, Poincaré cite les travaux du mathématicien américain Osgood, puis un travail de Johansson et de Brodén. Cet article est aussi une réponse au 22e problème de Hilbert (Hilbert 1902, 105).

Références