Je me permets de vous adresser les résultats que j’ai obtenus au sujet
de l’orbite d’Hécube (108).
D’après les indications que vous avez bien voulu me donner, j’ai
introduit une constante de plus dans mes formules qui n’en contenaient
que 3 au lieu de 4. De plus j’ai tenu compte, pour les termes
principaux, du carré de l’excentricité ; j’ai ainsi obtenu, dans les
expressions du périhélie et de l’excentricité, le terme en
que j’avais introduit empiriquement au mois d’octobre dernier pour
diminuer les résidus.11endnote:
1
Dans un premier temps, Simonin se sert des variables classiques :
où est le demi-grand axe, l’excentricité, l’inclinaison.
Après avoir exprimé les équations du système avec ces variables et
obtenu une série de formules permettant de calculer et une
expression égale à
où est
l’anomalie moyenne, la distance du nœud ascendant au périhélie
et la longitude du nœud, Simonin effectue un changement de
variables “qui offre, entre autres avantages, celui de faire
disparaître du dénominateur” (Simonin
1897, 17) :
Simonin signale que les formules obtenues pour ces quatre variables
donnent “pour employer le langage de M. Poincaré, toutes les
solutions périodiques du problème restreint”. Ces formules dépendent
de quatre constantes une constante arbitraire qui apparaît
lorsque l’on considère la première du système , ,
et des constantes d’intégration. En posant et
, Simonin obtient une solution périodique de la
première sorte (au sens de Poincaré) :
Simonin poursuit son calcul en suivant la stratégie de Poincaré (Simonin 1897, 20) :
“Dès qu’on connaît une solution périodique du problème, toutes celles
qui en diffèrent peu s’obtiennent par l’intégration d’un système
d’équations linéaires et homogènes ; ce
sont ces équations que M. Poincaré a appelées équations aux
variations.”
Le traitement des équations aux variations fait apparaître des termes
en
dans les séries de et (voir Simonin
1897, 24).
J’ai résolu à nouveau les équations qu’on obtient par la méthode
d’identification de Delaunay; pour cela je me suis servi de ce que
j’avais une valeur approchée de chacune de ces inconnues pour négliger
certains termes et en conserver d’autres, sans tenir compte de
l’exposant de la masse perturbatrice.
En outre dans l’expression du demi-grand axe, j’ai introduit un terme
à longue période contenant le carré de la masse. Enfin j’ai déterminé
les perturbations périodiques les plus importantes du demi-grand axe,
de la longitude moyenne, du périhélie et de l’excentricité. En se
servant des formules de Le Verrier, on trouve les coefficients suivants
exprimés en secondes d’arc :
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et pour l’excentricité :
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Le terme à longue période contenant le carré de l’excentricité de
l’orbite de Jupiter a toujours été négligé; par suite je n’ai pas tenu
compte des perturbations à courte période contenant ce carré ; le plus
fort des termes ainsi négligés a pour coefficient 36" de longitude.
Les formules qui m’ont servi sont, en ne transcrivant pas les
perturbations à courte période et en posant : , longitude moyenne, ,
,22endnote:
2
Ces formules sont celles que
Simonin appelle les expressions définitives de , ,
et (Simonin
1897, 30). Comme le
rappelle Simonin, , , , sont des constantes d’intégration qu’il
faut déterminer à partir des observations et les autres coefficients
sont des fonctions de .
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Vu la difficulté du calcul des coefficients
etc. …, j’ai conservé ces notations malgré leur
complication. Les valeurs numériques des constantes de ces formules
sont :33endnote:
3
Variante : l’indice sur a été barré.
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J’ai mis entre crochets [ ], au lieu des nombres, leurs
logarithmes. On obtient ainsi les éléments d’Hécube rapportés à
l’écliptique et à l’équinoxe de 1850,0; l’époque est 1897 septembre
23,5, temps moyen de Berlin.44endnote:
4
Les valeurs numériques obtenues
dans la thèse (Simonin
1897, 53) sont sensiblement
différentes.
Je rappelle rapidement qu’on a posé , puis
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, , peuvent se mettre sous la forme
Les formules qui donnent , longitude du nœud ascendent et
, inclinaison de l’orbite, sont:
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En comparant les ascensions droites et les déclinaisons données par
les observations et par ces formules, on obtient les différences:
55endnote:
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désigne les différences entre les valeurs observées et celles calculées.
Etant donnés ces résidus, au lieu de calculer des lieux normaux, j’ai
conservé, pour chaque opposition, une observation fictive, moyenne de
plusieurs observations faites le même soir par divers observateurs.
On peut remarquer que les observations de 1871 et de 1892 sont
distantes d’environ 21 ans, et que les arguments ,
, et ont pour
période environ 11 ans. Je crois devoir attribuer ces deux résidus,
non pas aux termes périodiques que j’ai négligés, mais plutôt à la
suppression de tous les termes de . D’ailleurs monsieur
Perrotin a bien
voulu me faire remarquer que dans le n° 368 de
l’astronomical Journal p. 62,
Mr Hill a trouvé pour la longitude de
moyenne de Cérés des résidus de en 1857 et en 1866,
quoique les éléments de cette planète ne présentent rien de
particulier.
Comme je ne pouvais diminuer mes résidus en changeant le moyen
mouvement, l’époque ou la masse, et que j’avais rencontré de grandes
difficultés dans les calculs des divers coefficients numériques, j’ai
cherché des coefficients empiriques; le premier terme de et de
difficile à calculer donnerait de meilleurs résultats si on lui
ajoutait le coefficient empirique: . On peut
remarquer aussi que le terme
est plus important
que le terme . En
outre on voit aisément que les observations de 1871–74–75 seraient
mieux représentées si on diminuait la longitude du périhélie, et
celles de 1892–94, si on l’augmentait. L’introduction du terme à
longue période contenant le carré de l’excentricité de l’orbite de
Jupiter ne donnerait pas de meilleurs résultats.
En résumé je ne vois pas comment avec les formules données plus haut,
on peut obtenir des résidus inférieurs à ceux que j’ai transcrits
ci-dessus. Je recours donc encore une fois à vos bienveillants
conseils, trop heureux si vous êtes un peu satisfait des efforts
que j’ai faits et des résultats obtenus.
Je vous prie de vouloir bien excuser la longueur de cette lettre.
Daignez agréer, cher Monsieur, l’expression de toute ma gratitude et
de mon entier dévouement,
ALS 4p. Collection particulière, Paris 75017.
Time-stamp: "10.05.2019 21:46"
Notes
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1 Dans un premier temps, Simonin se sert des variables classiques :
où est le demi-grand axe, l’excentricité, l’inclinaison.
Après avoir exprimé les équations du système avec ces variables et
obtenu une série de formules permettant de calculer et une
expression égale à
où est
l’anomalie moyenne, la distance du nœud ascendant au périhélie
et la longitude du nœud, Simonin effectue un changement de
variables “qui offre, entre autres avantages, celui de faire
disparaître du dénominateur” (Simonin
1897, 17) :
Simonin signale que les formules obtenues pour ces quatre variables
donnent “pour employer le langage de M. Poincaré, toutes les
solutions périodiques du problème restreint”. Ces formules dépendent
de quatre constantes une constante arbitraire qui apparaît
lorsque l’on considère la première du système , ,
et des constantes d’intégration. En posant et
, Simonin obtient une solution périodique de la
première sorte (au sens de Poincaré) :
Simonin poursuit son calcul en suivant la stratégie de Poincaré (Simonin 1897, 20) :
“Dès qu’on connaît une solution périodique du problème, toutes celles
qui en diffèrent peu s’obtiennent par l’intégration d’un système
d’équations linéaires et homogènes ; ce
sont ces équations que M. Poincaré a appelées équations aux
variations.”
Le traitement des équations aux variations fait apparaître des termes
en
dans les séries de et (voir Simonin
1897, 24).
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2 Ces formules sont celles que
Simonin appelle les expressions définitives de , ,
et (Simonin
1897, 30). Comme le
rappelle Simonin, , , , sont des constantes d’intégration qu’il
faut déterminer à partir des observations et les autres coefficients
sont des fonctions de .
-
3 Variante : l’indice sur a été barré.
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4 Les valeurs numériques obtenues
dans la thèse (Simonin
1897, 53) sont sensiblement
différentes.
-
5 désigne les différences entre les valeurs observées et celles calculées.