2-29. Camille Gutton
Camille Gutton (1872–1963) entre à l’École normale supérieure en 1893, et devient agrégé de physique en 1896. Il soutient sa thèse, intitulée “Recherches expérimentales sur le passage des ondes électriques d’un conducteur à un autre” à la Faculté des sciences de Paris en 1899; c’est Poincaré qui rédige le rapport de thèse (§ 2-62-5). A cette époque, Gutton mesure la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques dans différents milieux, un sujet qui devait différencier la théorie de Maxwell de celle de Helmholtz. Il suit René Blondlot dans l’aventure des rayons N, au sujet desquels il publie jusqu’en 1906, année de sa nomination à une chaire de physique à Nancy, devançant un opposant des rayons N, Albert Turpain.11endnote: 1 Rollet et al. (2017). Gutton devient ensuite professeur à l’École supérieure des postes et télégraphes, et à l’École d’aéronautique, avant d’assurer la direction du laboratoire national de radioélectricité. Il devient membre de l’Académie des sciences en 1938, en tant qu’académicien libre.
Ses travaux de radiotechnique l’amènent à concevoir des appareils qui servent aux services de transmission des armées françaises et alliées pendant la première guerre mondiale. Il met au point les premières liaisons radio entre la terre et un avion, et il développe un électromètre de haute sensibilité.22endnote: 2 Sur la carrière de Gutton, et une analyse perspicace de l’histoire des rayons N, voir M.-J. Nye (1986).
Sa correspondance avec Poincaré porte sur une controverse soulevée par Turpain autour des dispositifs expérimentaux permettant de vérifier la relation de Maxwell (). Mais en arrière-plan se dessine l’opposition entre la théorie de Maxwell et celle de Helmholtz; l’existence d’ondes électromagnétiques longitudinales, suggérée par l’absence apparente de réfraction des rayons X constatée par W.C. Röntgen, est l’idée qui guide Turpain. Les expériences que Gutton présente semblent confirmer le point de vue maxwellien.
Time-stamp: " 6.09.2020 17:33"